Disgraceland

Plan du rez de chaussée, extrait d'un magazine de décorations et d'architecture.
*
* *

Un peu à l'écart de la cité, sur une colline verdoyante, un petit chemin mène à une villa tout ce qu'il y a de classique. Murs blancs, une allée s'enfonçant dans le sol mène à un garage, une autre allée mène elle à une porte d'entrée en bois... Rien de bien étrange. Seules quelques jarres ornementés entourant la maison semblent un peu bizarres... Mais peut-être l'habitant avait-il auparavant des plantes qui ont été par la suite transplanté ?

Des légendes courent sur cette habitation. On prétend qu'elle apparaît et disparaît périodiquement, en fonction des besoins de son habitant... On prétend aussi qu'une porte secrète permettra à son possesseur de se retrouver instantanément en tout point de l'univers connu ou inconnu.

On prétend aussi que les fenêtres dans le toit laissent passer une lumière déformée qui, de toute façon, n'éclaire que de bizarres rites horriblement étrangers. Heureusement personne ne croit les rêveurs qui déclarent cela.

La rumeur, intarissable, veut aussi que l'habitant, après plus d'une année de réclusion volontaire (suite à un décès), est de nouveau d'humeur à se montrer en public. Mais qui fait confiance à la rumeur ?

Mais laissons ici la rumeur pour nous intéresser à des sources plus terre-à-terre. Les seules créatures qui ont vu l'intérieur de cette pièce semblent être les animaux car les humains (ou les anges, voire les dieux) était accueilli par un système de défense - mêlant aussi bien la magie que la technologie - qui s'était, à l'usage, révélé impénétrable.

Toutefois depuis peu, un article d'un journal spécialisé dans l'architecture révélait le plan du rez-de-chaussée... Difficile de croire que le propriétaire n'était pas au courant de ces révélations. Toujours est-il que le journaliste a disparu après avoir signé son article. Peut-être s'était-il imaginé pouvoir parler du sous-sol de cette maison, et a-t-il été victime de sa curiosité ? Nulle âme vivante ne le sait. Toujours est-il que seule l'architecture du rez-de-chaussée et du "grenier" ont été publié. Le sous-sol est le domaine réservé du propriétaire, et lui seul sait ce qui s'y trouve.

Peut-être pourrait-il être intéressant de parler du rez-de-chaussée ici. Le grenier... nous en parlerons après. Pour l'instant notons que tous les meubles présents sont de facture ancienne, en bois ouvragé, et parfaitement entretenu. Ce qui donne à l'intérieur un air "classique".

Mais mieux vaut ne pas toujours prendre les apparences pour argent comptant ici : dans le salon, par exemple, un secrétaire de style Louis XV s'ouvre sur un PC dernière génération... En parlant du salon, la grande porte-fenêtre - comme toute les fenêtres de la maison - est en verre aveugle : de l'intérieur on a une vue dégagé sur l'extérieur. L'inverse n'est pas vrai.

Le couloir central sert aussi d'exposoir pour les peintures du propriétaire. Nulle peinture (ou dessin) ne reste ici éternellement, mais certaines peuvent rester quelque mois.

La bibliothèque quand à elle est une pièce sombre. Le gigantesque panneau encercle la pièce, encadrant les fenêtres. Ici s'ouvre l'escalier permettant de monter au grenier (ou, lorsqu'on connaît le système, de descendre au sous sol). Dans le coin opposé on trouve une table basse débordant de livres (Loi de Murphy adapté à la bibliothèque, article I : quelle que soit la taille de votre bibliothèque, un livre au moins n'y trouvera pas sa place...) encadré par deux fauteuils, éclairés par des lampes sur pieds. Un système quadriphonique diffuse tantôt les créations de l'habitant, tantôt d'autres musiques en fonction de l'humeur du propriétaire.

Et le propriétaire à des goûts pour le moins éclectique : un morceau d'Alice Cooper peut-être suivi d'un chant grégorien sans que le lecteur y trouve à redire. Parfois on entend même un piano solo d'un certain "Chyzon"...

Ce sont les seules particularités d’ameublement qui furent cités dans l’article de «Maisons et Jarres d’ Ain". (Pourquoi le fondateur du journal faisait une fixation sur les jarres est un sujet qui se trouvera peut-être abordés un jour en ces lieux.)

Un seul détail a transpiré concernant la chambre : il y a un accès au grenier/sous-sol et le propriétaire ne supporte pas que quelqu'un essaye d'y entrer pour voir si le lit qui s'y trouve est un lit seul à deux (voire plus) places.

Passons au grenier maintenant. Les ouvertures de fenêtres correspondent au rez-de-chaussée. Mais c'est une pièce d'un seul tenant. Du côté "bibliothèque" cela ressemble à un studio d'enregistrement ("après une session d'un groupe assez "extrême" dans son comportement... Nous cherchons à dire poliment que c'est un bordel innommable" extrait de l'article de "Maisons et Jarres d'Ain") où l'on trouve quelques claviers, un grand piano, 6 guitares électriques, encore plus de guitare acoustique, une console 24 pistes et un PC avec carte son les tripes à l'air ("le propriétaire venant de rencontrer certains ennuis avec sa carte son a préféré se simplifier l'accès aux zones de maintenance" Article cité)

De l'autre côté on trouve l'équipement standard d'un peintre/dessinateur : chevalets, toiles en cours, papiers de différents grains, pinceaux ("commençant à triple zéro !" article cité), table inclinable, zone pour les modèles vivants (protégé par un paravent pour permettre de se déshabiller dans l'intimité ! [hrp]et même maintenant, je ne comprends pas cette pudeur : mes modèles m'ont tout montré, parfois à leur propre demande... pourquoi ce besoin de se déshabiller seul alors ?[/hrp]) et un PC avec tablette graphique A3.

Et, au fait, pour la "lumière bizarre", la rumeur avait parfaitement raison : même à minuit la pièce est illuminé par la lumière voulu pour l'ambiance.

Il ne reste plus qu'à citer le panneau, à l'entrée du sentier menant à la porte d'entrée :

Disgraceland

Les démarcheurs, publicitaires, livreurs de pizzas surgelés et autres emmerdeurs seront abattus à vue