Un bien joli pavillon, zone résidentielle...

Millenia, indignée, s'approcha, attrappa le verre puis dit
"Tu sais très bien ce que je pense de cette machine. Tu sais très bien que moins je l'utilise, mieux je me porte. Tu sais très bien ce qu'il en a coûté à la nature de produire cette machine infernale, tu sais très bien ce que cette saloperie confortable coûte aux eaux...."

Au fur et à mesure qu'elle élevait la voix, on pouvait voir le ciel s'assombrir petit à petit, de gros nuages y apparaître, jusqu'à obscurcir le ciel. On sentait la tension de l'orage, de l'énervement de Millenia dans l'air ambiant.


"Et...Qu'est-ce qui te dit que je ne comptais pas réutiliser ce verre dans deux minutes? Je n'aime pas gaspiller, tu le sais..Non mais franchement, c'est quoi ces critiques abusives?? Toi quand tu laisses tes verres traîner je ne dis rien, je les lave...

"Au vu de ce que tu as dit de ces amis, je suis étonnée que tu tiennes autant à ces verres ! Et c'est bien ton genre de m'accuser pour une bêtise que TU as fait !"


Dehors, un éclair éclata, perçant le ciel noir de son zigzag lumineux. Tous les deux le savaient très bien ce que ces éclairs signifiaient : l'énervement de Millenia grimpant, la force de l'orage en préparation irait croissante.

Et de toute façon, ce lave-vaisselle économique, tu ne l'as pas choisi par rapport à mes convictions environnementales, mais parce qu'il était en remise exceptionnelle au magasin ! Je te signale que je n'ai jamais eu mon mot à dire sur rien qui soit dans la maison ! Encore heureux que je dispose du jardin, que ferais-je sinon?"

C'est toi qui me provoque ! De toute façon, tout le monde m'avait dit que notre mariage serait une erreur ! Que j'allais à l'encontre de mes préceptes ! On me l'avait bien dit ! "

Alors, les éclairs dans les yeux de la jeune femme disparurent instantanèment, et alors qu'un torrent se déversait du ciel, elle s'effondra en pleurant. Les éclairs trouaient le ciel de leur aveuglante lueur, le bruit de la pluie était assourdissant. d'un seul coup elle rouvrit les yeux, et dedans on ne voyait plus aucune larme, seulement de la peine, de la souffrance, et une rage intense.

Millenia resta dans le salon, assise par terre. Ses larmes recommencèrent de plus belle avec le départ d'Aël. La pluie ne s'atténua pas, s'intensifia même. Les arbres du jardin se balançaient avec le rythme de ses sanglots. Elle commençait à regretter ce "oui" fatidique qu'elle avait prononcé, renonçant par la même occasion à une partie de son lien privilégié avec la nature.
Elle resta donc sans bouger, abattue, jusqu'à ce que la vue du verre brisé ne la sorte de sa torpeur. Alors, elle nettoya le sol en enlevant les moindres débris de verre, puis alla dehors,pieds nus, sous la pluie incessante, se laissant transir jusqu'à la moelle des os, apaisant la rage qui brûlait en elle.
Là, elle perdit le décompte du temps....

Millenia avait beau se sentir bien à l'intérieux, vue de l'extérieur elle n'était qu'une coquille vide,trempée, qui marmonnait de temps à autre quelques propos incohérents. Elle se laissa donc porter sans opposer la moindre résistance, simplement lorsque ses pieds touchèrent autre chose que du gazon trempé, elle eut quelques spasmes, qui cessèrent rapidement cependant. C'était la toute première fois de sa vie qu'elle avait une crise pareille.

Dehors, le chaos s'appaisait doucement, la pluie devenait fine et non plus torrentielle, le vent dans les arbres se calmait progressivement, et de la neige fine se mit à tomber, recouvrant petit à petit le gazon d'un doux et froid tapis blanc.

La jeune femme avait sa température corporelle habituelle ; ses yeux restaient clos, mais on devinait aux mouvements de ses paupières que ses yeux tournaient sans relâche dans ses orbites ; dehors, la neige arrêta de tomber ; un beau soleil revint pendant qu'elle se détendait dans les bras d'Aël. Au fond d'elle cependant, se livrait un combat.

Ce combat était entre sa raison qui avait combattu le pouvoir d'enflammement d'Aël pour respecter ses convictions et son amour pour le jeune homme. L'amour finit par l'emporter...

"Mon ange...te rends-tu compte de la peur que tu m'as fais ?"

Aël serra sa femme contre lui alors que ses cheveux s'éteignaient lentement.

"Explique-moi ce qu'y t'a pris enfin...tu aurais pu chopper la mort là dehors, même avec tes pouvoirs ! Tu es totalement inconsciente ma parole !"





P.S. : c'est dingue le mal que j'ai à être vraiment méchant et te provoquer

Ce que tu dis montre que tu n'as aucune conscience de mes pouvoirs...Tu sais très bien que cette pluie, c'est moi qui l'ai provoquée...Que je ne cherche pas à me faire du mal, juste à me calmer..Tu sais très bien que je ne tombe que très rarement malade, où est donc le problème?

Aël pouvait remarquer que le regard de sa femme passait progressivement du vert émeraude au marron, annonçant le rouge de la fureur, rouge qu'Aël connaissait si bien...

Au fur et à mesure qu'Aël parlait, les yeux de sa femme continuèrent à virer de couleur...Le rouge devint flamme vivante, flamme brûlante, flamme ardente...
Tous deux entendirent un craquement, et purent voir qu'un éclair venait de tomber sur un des arbres du jardin, l'enflammant malgré la pluie qui venait de recommencer de couleur à torrents...Le ciel était plus noir que du jais encore, semblant absorber toute lumière tel un trou noir.

Millenia se leva, s'approchant d'Aël...

Tu parles de ma beauté, ça je l'ai remarqué..j'ai remarqué ta froideur en certains instants..Il n'y a que lorsque nous faisons l'amour ou que tu me regardes que je sens l'amour, l'intérêt que tu me portes...
Et le plus drôle, tu évoques mon caractère..Dois-je te rappeler ton tempérament bouillant? Brûlant même? Tu t'emportes très facilement aussi, ne me reproche pas ce que moi aussi j'aurais à te reprocher..c'est l'hôpital qui se fout de la charité...

Alors les yeux de Millenia devinrent encore plus rouges qu'ils ne l'avaient jamais été, un rouge dépassant les limites de ses yeux même...
Tu oses toucher à ce rosier...CE rosier parmi tous les autres! Tu sais pourtant parfaitement ce qu'il symbolise, et pourquoi nous l'avons planté, tu tu oses le brûler...

Autre témoin de la tension croissante chez Millenia, ses ailes noires de chauve-souris se déployèrent de toute leur envergure, émergeant de son dos.

Les lumières de la maison clignotaient, résultat direct de l'énervement de Millenia. Dehors, un cable électrique s'effondra au beau milieu de la rue, fondu par l'intensité croissante tant Millenia canalisait toute l'électricité qu'elle trouvait à sa portée.

Comment ça, je cherche à t'impressionner? Tu sais très bien que ça, je le fais inconsciemment, que le climat se plie à mes humeurs deux kilomètres à la montre ! Je suis d'une humeur explosive, voilà tout...Que veux-tu que je te dise? Et regarde-toi...Tu commences à claquer des doigts, mais tu n'as même pas l'air de t'en rendre compte..Et voilà une de tes balles.. Toi non plus, tu ne te canalises pas

Un éclair bleuté zébra le ciel. La pluie était alors torrentielle, synonyme de rage mêlée d'une tristesse immense pour la jeune femme.

regarde-toi, tes cheveux commencent à prendre feu....Tu sais que je t'aime, mais t'attaquer comme ça au symbole de notre amour..Quelle injustice, tristesse....

Ses yeux rougeoyants lâchèrent alors des larmes, larmes qui semblaient faites de sang....

Je parlais de notre rosier, pas de moi....je te signale que je n'ai pas touché à ce que tu chéris plus que tout, tandis que tu viens de t'attaquer à notre rosier....

Dehors, la pluie devenait torrentielle, les larmes coulaient à flots sur le visage de Millenia, qui jetait de fréquents coups d'oeil au rosier toujours en feu.
Les yeux de la jeune femme revinrent sur les longs cheveux de feu de son époux, et s'agrandirent de peur extrême, une peur qu'Aël n'avait encore jamais lu dans le regard de Millenia. La peur d'être quittée, la peur d'y perdre ses ailes, la peur d'y perdre l'humanité et de retomber uniquement dans le démoniaque.

Tu sais que je t'aime Aël, mais là c'est plus que mon coeur ne peut en supporter.....

Elle rétracta ses ailes, s'assit sur le plancher. Ses yeux laissaient toujours couler un torrent de larmes qui semblaient inépuisables....Dehors, il n'y avait plus que de la pluie, de la pluie telle qu'on pourait en craindre un déluge..

A ces mots, la jeune femme releva la tête. Sa colère brillait d'un éclat nouveau, la fureur, la rage se mêlaient dans son regard.

Tu te dis plus puissant que moi? Tu oses? Souviens-toi l'état dans lequel tu te trouvais le soir de notre rencontre avant que je n'absorbe un peu de la force vitale de la nature sans rien tuer pour te rendre des forces...Souviens-toi que ce sort était la seule possibilité me restant tant j'étais mo-même exténuée et faible ! N'oublie pas que ce jour-là, nous aurions pu nous tuer tous les deux ! Entre toi et moi, il n'y a pas de plus puissant, ni de moins puissant, quoi que tu puisses vouloir en dire !

Elle écarta ses mains comme un Yogi dans la position du lotus, seulement deux boules d'énergie bleutées crépitantes d'éclairs violacés s'y formèrent, provoquant une nouvelle fluctuation du réseau électrique à proximité.

Tu sais ce que je fais avec ces boules, je suis capable d'électrifier tout corps à cent mètres....Ne me cherche pas plus..